Résumé :
|
La question du financement de la recherche alcoologique en France est largement débattue. Insuffisant (face aux problèmes majeurs de santé publique) et irrégulier lorsqu’il provient des pouvoirs publics, ce financement est souvent méconnu lorsqu’il provient du secteur industriel, et notamment de celui des bois-sons alcoolisées. Il nous est donc apparu intéressant de dresser un bilan du financement privé sur la base de la contribution de l’Institut de recherches scientifiques sur les boissons (Ireb) de 2001 à 2011. Il a été possible de quantifier cet apport grâce à l’estimation du budget annuel de la recherche “alcool” établie par la Fondation pour la recherche en alcoologie (FRA) en 2015 et à une étude bibliométrique. Le budget déclaré par les 19 équipes ayant répondu au questionnaire de la FRA est de l’ordre de 1 250 000 € (moyenne sur 2014 et 2015), permettant d’estimer pour l’ensemble des laboratoires français concernés un budget annuel total d’environ 4 millions d’euros pour la thématique “alcool”. En comparaison, et rapporté aux nombres respectifs d’habitants par pays, le budget annuel du seul National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA) aux États-Unis est de 430 millions d’euros, soit 23 fois plus, et de 16 millions d’euros au Royaume-Uni, soit quatre fois plus. L’analyse bibliométrique publiée en 2014 par Bramness et al. souligne que la France se signale par son faible niveau de publications en comparaison des États-Unis et de nombre de pays en Europe. Pour la période 2001-2011, le nombre de publications internationales dans lesquelles l’Ireb est explicitement remercié a été de 84 (soit environ huit publications par an), correspondant à 16,3 % de l’ensemble des 517 publications françaises sur la thématique “alcool”, en rapport avec les 5 % du budget global de la recherche alcoologique apportés annuellement par l’Ireb (200 000 €). Ces estimations, imparfaites mais néanmoins indicatives, soulignent le poids relatif très faible du soutien industriel à la recherche “alcool” et l’impérieux besoin d’un accroissement majeur de l’investissement public dans ce domaine dans notre pays.
|