Résumé :
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Cet article propose un nouvel éclairage sur le débat concernant la réforme de l’assistance aux aliénés entre 1870 et 1914. Il montre que ce dernier a été dominé successivement par deux problématisations portées par deux configurations d’acteurs différentes. Jusqu’à la fin des années 1880, c’est avant tout sous l’angle du statut civil des aliénés et des protections notamment tutélaires à leur apporter que parlementaires, juristes, aliénistes et administrateurs abordent ce débat. À partir des années 1890, une nouvelle problématisation s’ajoute à la première lorsque l’intérêt des réformateurs se déplace vers la question de l’accès de ces mêmes personnes aux institutions susceptibles d’apporter un soulagement à leurs vulnérabilités, qu’ils proposent de faciliter par la création de services d’hospitalisation « ouverts », soit en dehors du système de contraintes et de protections qui caractérise l’internement à l’asile. Le moteur de cette évolution est à la fois l’essor du champ de l’assistance publique et, à l’intérieur de la médecine mentale, celui d’un segment de médecins réformateurs issus du groupe nouvellement formé des médecins des asiles psychiatriques de la Seine. L’article propose finalement une explication supplémentaire à l’échec du débat au Parlement à la veille de la Première Guerre mondiale. Si celui-ci s’explique par la complexité des questions et la diversité des intérêts en jeu, l’impossibilité pour les réformateurs de trancher entre ces deux problématisations s’impose comme un point de blocage majeur.
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