Résumé :
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L’Europe politique offre une figure spécifique au regard des efforts actuels pour multiplier en son sein et chez ses voisins les dispositifs de regroupement forcé et d’enfermement des exilés (demandeurs d’asile, réfugiés, sans-papiers, clandestins...). La nouveauté réside moins dans l’existence de ces dispositifs que dans la facilité avec laquelle ils sont affichés dans l’espace public, comme instruments ou finalité de politiques publiques. Ceci révèle une transformation profonde des cultures européennes et de la gouvernance à l’égard des exilés, autrefois victimes à aider, aujourd’hui coupables menaçants. Cette convergence européenne, souvent imputée aux opinions publiques, passe par trois processus dont on peut montrer l’origine élitaire : la spirale du rejet des demandes d’asile, le tournant national sécuritaire à l’égard des étrangers et l’harmonisation européenne de la lutte contre l’immigration sous couvert de « justice, liberté, sécurité » (JLS). Les cultures politiques européennes se transforment ainsi sous l’effet de la montée en puissance d’une xénophobie de gouvernement. […]|Cette publication de la revue Pensée plurielle a été décidée alors que certains États ferment leurs frontières, que d’autres adoptent une politique pour le moins frileuse, que les opinions publiques manifestent de plus en plus une attitude de rejet, que les tendances d’extrême droite sont de plus en plus manifestes.|Ce travail est original à plusieurs titres : la diversité des sujets abordés, la diversité culturelle et nationale des auteurs : français, belge, espagnol, bulgare, roumain, suisse, et la diversité des disciplines de référence : anthropologie, sociologie, science politique, travail social, droit. [Jean Foucart, Extrait de l'édito]
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