Résumé :
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Le recours aux médiations dans les soins psychiques proposés aux enfants, d’abord considéré comme un moyen de suppléer ou soutenir une expression verbale trop balbutiante pour répondre aux exigences de la talking cure, tend à s’imposer comme une alternative dont on découvre des effets psychothérapiques inattendus, voire inespérés. [...] Le bénéfice tiré de l’usage de médiations groupales en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent incite pareillement à qualifier les spécificités de cette dynamique de groupe qui s’installe et qui contribue aux progrès de chacun, sans pourtant faire l’objet d’un travail d’élucidation ou d’interprétation des fantasmes sous-jacents, comme c’est la règle dans les groupes thérapeutiques. Malgré toutes ces zones d’ombre, les indications sont indéniablement de plus en plus larges et pourraient témoigner d’un recul des psychothérapies d’inspiration analytique lié, à la raréfaction des organisations névrotiques au profit d’une inflation des pathologies limites et narcissiques, se prêtant mal, surtout à l’adolescence, à un dispositif thérapeutique en face à face. Dans un tel contexte, «poser l’indication» d’un soin avec médiations pourrait ne plus se faire par défaut, faute d’un abord possible de la conflictualité interne, mais dans la perspective winnicottienne de créer une aire de jeu partagée, un espace intersubjectif propre à soutenir le processus de subjectivation. La malléabilité et la solidité qui sont quelques unes des qualités «maternelles» requises pour les soignants engagés dans une telle entreprise ne peuvent se prescrire doctement, mais ne sauraient se déployer sans la référence à des instances de régulation, de réflexion et de soutien institués.
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