Résumé :
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La présence relativement récente de surveillantes dans les prisons pour hommes fait encore l’objet de résistances tant individuelles que collectives. Cet article se propose d’éclairer, à la lumière des travaux portant sur le genre, certaines des craintes exprimées par les personnels pénitentiaires, en particulier celles qui se réfèrent à une possible dissolution de la différence des sexes. L’étude de l’évolution d’un élément concret et emblématique, l’uniforme, nous permet de constater qu’à l’heure actuelle la mixité en détention hommes s’opère en renforçant les références et valeurs viriles professionnelles au prix de l’effacement du féminin. Ce choix qui privilégie la norme masculine dans un milieu traditionnellement monosexué et androcentré doit être resitué dans une époque qui remet en cause la bipartition univoque des sexes et introduit des éléments de porosité dans les identités personnelles, professionnelles, institutionnelles et sociales. En réaction à cette flexibilité des repères identificatoires, on voit se multiplier le recours aux stéréotypes de genre qui, par leur logique binaire, témoignent du nécessaire maintien des clivages en détention pour éviter tout risque de rapprochement avec les détenus. La remise en cause de barrières jusqu’ici étanches entre masculin/ féminin s’accompagne ainsi de la peur de voir se dissoudre toute différence entre intérieur/extérieur, bon/ mauvais, surveillant/ détenu.
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