Résumé :
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Pour se reproduire, le capitalisme n’a qu’une solution: capter encore et toujours plus d’individus sous son régime. Pour ce faire, la seule coercition ne suffit plus, il doit également séduire et développer des mécanismes de plus en plus fins d’adhésion des individus à la logique salariale, autrement dit «trouver les moyens de créer des motivations joyeuses qui poussent à se rendre au travail». Parmi ces instruments, la figure de l’artiste et toute la logique esthétique qui lui est généralement associée (anti-autoritarisme, horizontalité, créativité, réalisation de soi, etc.) occupe une place de choix. Le nouveau management est très à son aise pour y trouver les «affects joyeux intrinsèques» permettant d’aligner le désir des salariés sur la logique capitaliste et que se confondent «vie salariale et vie tout court». C’est donc avec une grande prudence que doit s’entendre le discours sur les bienfaits de l’éducation artistique dans laquelle la grammaire de l’exploitation puise les moyens de son renouvellement. Toutefois, comme le suggère B. De Reymaeker, il existe une parade, une piste pour fuir cette nouvelle servitude, celle de l’artiste en colère.
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