Résumé :
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Depuis l’apparition du phénomène des violences scolaires dans l’espace médiatique, au début des années 1990, les chercheurs peinent à nommer précisément un fait aux multiples visages. Le terme d’«incivilités», critiqué pour son imprécision, a été remplacé par celui de «microviolences», tout aussi insatisfaisant, parce que regroupant les mêmes catégories de faits. Actuellement c’est l’expression de «harcèlement scolaire», traduction de l’anglais bullying et désignant un type spécifique de violences scolaires, qui fait l’objet de toutes les attentions.|Cette évolution est significative du traitement politique des violences scolaires. Elle traduit une volonté de responsabilisation individuelle, centrée sur l’élève, des faits de violence, et s’appuie sur de grandes enquêtes nationales, les enquêtes de victimation, qui accordent une importance exclusive à la perception des victimes. La responsabilité institutionnelle est alors évacuée. Or, les faits de violences scolaires s’inscrivent dans un contexte et des interrelations définis par l’institution scolaire. Ne questionner que les individus ne peut donc prétendre à résoudre justement des violences qui concernent tous les acteurs de l’institution dans laquelle elles s’exercent.
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