Résumé :
|
La surdité pose la question de la communication humaine du point de vue de la technique - médicale, pédagogique, linguistique - mais aussi sous les aspects psychosociaux des échanges intra et inter groupes. Au-delà des problèmes sociolinguistiques, elle induit des questionnements sociopolitiques plus larges. Elle interroge aussi la contrainte du remaniement identitaire individuel impliqué dans toute construction de liens d'appartenance groupale. Affectant la communication, la surdité tend à être représentée comme un événement social négatif. Pourtant, subvertissant l'identité induite d'handicapés, les sourds ont, de longue date, généré de la réalité sociale en se constituant en entité sociopolitique, par le biais notamment de l'invention et de la légitimation de la langue des signes. Parallèlement, le développement des technologies médicales, notamment de l'implant cochléaire qui permet aux sourds d'entendre le langage vocal - s'il constitue une avancée capitale, donnant espoir aux parents et ouvrant l'enfant sourd sur le monde - pose un nouveau problème. En effet, l'implant ne va-t-il pas faire de la surdité une entité clinique vide et de la communauté sourde un groupe social désaffecté ?
|