Résumé :
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Le remplacement du patronyme par le nom de famille, en janvier 2005, est aboutissement d’un processus long qui, depuis la fin du XIXe siècle, abolit progressivement les privilèges réservés à la fonction paternelle. Il est intéressant de noter que, au cours de ce processus, les lois les plus importantes qui entérinent le partage des responsabilités parentales entre les conjoints d’un couple sont promulguées dans les années 1970, à l’époque où, à la suite de la généralisation de la pilule contraceptive, d’autres lois accordent aux jeunes adolescents l’accès gratuit aux préservatifs, et aux jeunes femmes l’autorisation d’interrompre volontairement leur grossesse. L’égalité de l’homme et de la femme au sein du couple est ainsi ratifiée en même temps que la séparation de la procréation et de la sexualité. D’où la question, est-ce qu’il y aurait un lien entre le changement de paternité et le changement de sexualité ? La comparaison des systèmes de parenté patri- et matrilinéaire étudiés par les anthropologues fait effectivement apparaître que la procréation et la sexualité sont séparées lorsque le représentant de la loi du groupe de filiation (fonction de l’oncle maternel) et le représentant de la loi des échanges (fonction du père) sont distinctes. Ce changement de loi n’est pas étranger au changement de pédagogie qui a donne naissance à partir des années 1980 aux groupes de parole ouverts aux parents dans les associations éducatives. Pour insérer les enfants dans la société, il ne s’agit plus seulement de s’appuyer sur le groupe mais surtout sur les réseaux d’échange.
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