Résumé :
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Venus du Japon, les mangas importés en France sont destinés pour une large part à un public adolescent et propagent les modes juvéniles contemporaines au plus près des évolutions de la société et des mentalités. Cet article s’intéresse spécifiquement aux mangas de genre « shôjo » que lisent les adolescentes aujourd’hui et montre que leurs contenus s’emparent des questions qui se posent pour elles à l’adolescence. Un certain nombre d’adolescentes au cours de suivis analytiques ont évoqué ces lectures qui les renvoient à leur propre quotidienneté, à leurs fantasmes, leurs rêveries et à leur vie affective. L’approche proposée s’appuie sur la présentation de quelques mangas dont les images, les onomatopées et les contenus, manifestes et latents, ont été explorés. Nous l’avons développée au regard des concepts psychanalytiques du sexuel et des processus propres à l’adolescence. La découverte et le trouble du sentiment amoureux, la conquête de l’identité féminine à partir des voies ouvertes par la bisexualité psychique, le questionnement sur le désir sexué sont traités de façon privilégiée dans ces mangas au fil d’une narrativité qui reflète la complexité et la conflictualité de ces problématiques. En faisant de l’identité, de l’amour et de la sexualité leurs thématiques centrales, les mangas font écho à la construction subjective de l’adolescente, à travers des interrogations du côté de l’être et du sujet. Pour un temps, ils accompagnent les mouvements psychiques de distanciation, d’affirmation identificatoire et identitaire, sur fond d’enjeux œdipiens. En représentant un ailleurs, les mangas autorisent la rupture du familier et ouvrent aux adolescentes l’espace à l’altérité et au devenir adulte.
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