Résumé :
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Ce travail a pour objectif d’analyser les conséquences de la désorganisation des enveloppes collectives (le déficit du temps social, de la socialisation, de la mémoire groupale, etc.) sur les enveloppes psychiques de l’enfant de neuf à 13 ans. Nous faisons l’hypothèse que ce n’est pas la guerre en tant que telle mais la destruction des enveloppes sociales, la déstructuration du symbolique, qui crée le traumatisme chez l’enfant. À travers des entretiens cliniques semi structurés, avec 30 enfants libanais de neuf à 13 ans (six à dix ans au moment des conflits de 2006), présentant des symptômes post-guerre, nous avons analysé les ruptures de quelques enveloppes collectives : la temporalité, les espaces culturels et l’enkystement transgénérationnel. Nous avons pu constater que : un clivage se produit entre le temps externe (temps de rue) qui ne peut plus constituer une enveloppe fonctionnelle, et le temps interne (temps d’abri) qui renvoie l’enfant à un état végétatif , une identité « par désaveu » s’installe dans un endo-groupe communautarisé qui déchire l’enfant. La migration provoque la perte du symbolique référentiel , la mémoire familiale transmet une vision traumatique de son histoire : l’enfant en devient le porte-traumatisme. La rupture des enveloppes transforme l’enfant en support de détresse, l’amenant à s’installer dans une pathologie de la violence comme défense du Moi. Nous présentons en illustration de leur perception de la guerre les dessins de deux enfants.
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