Résumé :
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Dans le travail social, une première manière de «venir en aide» consiste à fournir des objets réels ou symboliques à une personne que l’on range dans la catégorie de ceux qui en ont besoin (les «ayants droit »). Ce mode d’intervention est insuffisant quand on a affaire à des personnes en difficulté psychique. À une pratique unilatérale, on substitue alors un lien d’échange, constituant l’usager comme un sujet ou comme coauteur de l’aide qu’il reçoit. Cet échange peut être équilibré, prenant généralement forme contractuelle. Notre travail veut souligner que dans un certain nombre de cas, difficiles parce que marqués par l’existence d’une carence précoce, l’usager aura tendance à interpréter les agir professionnels du travailleur social non comme un élément contractualisé mais comme relevant d’un don, entraînant un contre-don alimentant la dette, donc un lien puissant mais en déséquilibre. Nous indiquons ce qui favorise, dans le quotidien du travail social et du côté des deux interlocuteurs, ce ressenti subjectif. Nous pointons les risques encourus à se tromper de registre (s’agit-il d’un échange contractuel ou d’un échange par le don ?) et à ne pas s’interroger sur la nature du lien qui se noue entre travailleur social et usager.
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