Résumé :
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Après avoir retracé le contexte et l'histoire du développement de la consommation d'héroïne en France et présenté les principales données sur la manière dont elle est saisie dans les enquêtes en population générale, cette contribution se concentre sur la connexion qui s'est opérée en France, à partir de la fin des années 1980, entre les activités tournant autour de ce produit (vente, usages) et la précarisation que connaissent de nombreux quartiers des grandes villes, et plus particulièrement des banlieues. De phénomène résiduel et éclaté, la consommation d'opiacés s'inscrit alors dans une logique «épidémique», avec une expansion de proche en proche alimentée par les réseaux de l'économie informelle. Le rôle des réseaux de sociabilité et l'impact de la répression ont contribué progressivement à la fixation de styles de vie spécifiques articulés autour de ces activités qui ont joué tour à tour une fonction de soutien (cercles de consommation et de revente facilitateurs et protecteurs) et de vulnérabilisation (prises de risques, contamination, discrimination négative, criminalisation). L'analyse de la part du genre et de l'évolution vers des polyconsommations fournit un aperçu des lignes de force traversant ces styles de vie (prises de risques associées, détournement de la substitution, désocialisation). Les politiques publiques semblent avoir des difficultés à intégrer ces paramètres dans une politique cohérente concernant l'aide apportée aux personnes (maintien dans le corps social, accès aux droits et aux soins).
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