Résumé :
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En analysant l’entrée en résistance de l’agent de la Stasi, Wiesler, dans le film La vie des autres, cet article montre que le résistant n’est ni un homme d’engagement ni un homme de conviction, mais un homme d’affect qui convertit son émotion et son indignation face à l’invivable en courage de le combattre. Au cœur d’un régime totalitaire, sa résistance s’avère à la fois furtive, presque invisible, et tout à la fois efficace. La résistance qu’il oppose au processus de sa propre aliénation entraîne en effet des conséquences en termes de subjectivation. Par son action, fût-elle discrète, Wiesler s’institue en acteur, en sujet politique, et institue un lien durable et profond avec l’écrivain et dramaturge Dreyman, lien resté longtemps invisible et demeurant silencieux. L’héroïsme n’a pas toujours besoin de se manifester dans des actions exceptionnelles , certains gestes simples, ici empreints de bonté, d’humanité, témoignent de ce qui se loge au cœur des conduites de résistance : une certaine manière pour le sujet de rester présent à soi et aux autres. C’est du moins ce que La vie des autres nous livre comme enseignement à méditer pour penser la résistance.
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