Résumé :
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Dans le contexte de la mise en œuvre de la loi de janvier 2002 et particulièrement face à l'obligation, pour les établissements et services concernés, d'imaginer les conditions d'une évaluation interne centrée notamment sur les «bonnes pratiques», de nombreux professionnels font valoir que, quelles que soient les procédures et les modalités d'actions qui pourraient être imaginées, elles ne constitueront jamais une garantie pour les usagers ni une protection absolue pour les professionnels, car«il n'existe pas de risque zéro». Cette remarque de pur bon sens fait écho aux nombreux travaux et débats qui se sont développés depuis une trentaine d'année à mesure que la complexité irréductible et la relative imprévisibilité des phénomènes sociaux s'est imposée aux praticiens et à ceux qui tentaient de théoriser les limites de nos capacités à comprendre.|Le fait que nous ne sommes pas assez intelligents, ni individuellement ni collectivement pour comprendre et anticiper les conséquences de nos actions est au fondement des théories de la «rationalité limitée» qui se sont efforcées de tirer le bilan de l'échec des conceptions qui prétendaient construire le bon «modèle de la norme », la bonne organisation, les bonnes façons de faire posées comme les plus rationnelles ou les plus adéquates aux moyens affectés. Cette prise de conscience alimente une abondante littérature de sciences humaines et sociales comme de sciences de gestions, qui s'efforcent de penser les conséquences de cette capacité limitée à prévoir le résultat des actions notamment dans les sphères politiques et professionnelles. Le sociologue Ulrich Beck suggère que nous serions entrés avec la modernité dans la «société du risque», c'est à dire que cette notion serait devenue l'élément central de la dynamique sociale dans un monde dont l'évolution ne peut plus être affectée, comme dans les sociétés traditionnelles, à une cause extérieure à Ia société elle même.
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