Résumé :
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Une série de contributions restitue le combat pour la dépénalisation partielle de l'avortement dans le fil de l'histoire de l'émancipation des femmes et de leurs droits reproductifs et sexuels. Marie-Noëlle Coetsier en remonte le cours tandis que Bérengère Marques-Pereira nous resitue les étapes de la politisation de l'avortement en Belgique et en montre les protagonistes essentiellement laïques et féministes. Marie-Thérèse Coenen évoque quant à elle, la figure de Pierre de Locht, théologien, professeur d'Université catholique de Louvain, compagnon de route de Willy Peers dont les prises de positions pour une dépénalisation de l'avortement seront un soutien moral pour les mouvements sociaux chrétiens s'inscrivant dans la réforme du code pénal. Pour cadrer les pratiques d'IVG, le Parlement avait prévu la création d'une commission d'évaluation. Elle est chargée d'établir tous les deux ans, un rapport statistique et qualitatif sur les pratiques abortives. Contestée par certains, cette commission se réunit régulièrement et Françoise Kruyen, membre dès l'origine, nous en retrace les lignes de forces et son intérêt.|Un dernier volet porte sur la pratique contemporaine: qu'en est-il aujourd'hui de l'IVG? La mobilisation pour le droit d'avorter s'est traduite concrètement par la pratique de l'IVG dans de bonnes conditions, dans des centres extra-hospitaliers et/ou dans des centres de planning familial qui ont développé une pratique militante originale. Ces pratiques, il ne faut pas l'oublier, sont restées illégales jusqu'en 1990. Certains et certaines en ont payé le prix sur le plan pénal. Nous donnons la parole aux acteurs et actrices de terrains, comme Dominique Roynet, Naïma Akhamlich, Nicolas Menschaert, observateurs avisés de ces vingt années de dépénalisation de l'avortement. Le contexte évolue, -l'INAMI rembourse l'acte médical-, des décrets reconnaissent la mission des plannings et les subventionnent, les pratiques changent avec la pilule du lendemain, les IVG médicamenteuses, ... et les mentalités?|Sophie Pereira qui a coordonné ce numéro, conclut en resituant ce droit dans la notion plus globale des droits sexuels et reproductifs, et montre comment l'avortement s'inscrit dans un champ qui va de la sexualité en général, aux violences, les mutilations génitales, l'identité de genre ou l'orientation sexuelle ... sans s'y noyer pour autant. Sur le plan européen et international, la vigilance reste de mise quand les données récoltées au jour le jour, montrent combien ce droit/liberté reste fragile. En Belgique aussi, de manière directe ou indirecte, des propositions de loi sont déposées, qui rouvrent le débat. A ceux et celles qui préconisent une révision de la période autorisée de 14 semaines pour un élargissement de ce délai, s'opposent ceux et celles qui demandent que le fœtus né avant le terme de la viabilité, puisse être reconnu et nommé ... Débat qui remet entre les mains des scientifiques, et donc à la Science, le droit de dire quand commence ou quand finit la vie.
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