Résumé :
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"L'évolution des sociétés industrielles tend à institutionnaliser de façon de plus en plus rigide la segmentation du tissu social en classes d'âges dotées de statuts, de droits et de devoirs différents. Le repère de l'âge semble, en effet, offrir un indicateur faussement fiable et égalitaire pour déterminer des seuils à franchir impérativement à un âge donné, ou pour regrouper des individus dont on postule, de ce fait, l'homogénéité. Cette classification technocratique ne recouvre pas celle des générations, qui présuppose la position dans une continuité, en particulier à travers la lignée familliale. Tandis que la stratification en classes d'âges tend à être facteur de concurrence et d'opposition (cf. la demande adressée aux ""jeunes"" de prendre en charge les ""vieux"", l'importance attachée à la précocité opposée à l'expérience, la tendance à abaisser les seuils d'éviction des activités collectives...), la stratification entre générations reste le vecteur d'un réseau d'échanges dont la nécessité réciproque apparaît particulièrement en période de crise individuelle ou sociale. De plus, si l'identité liée à la place dans les générations (grands-parents, parents, fils ou fille...) semble bien s'adapter à l'évolution des structures familiales, l'identité liée à l'appartenance à une classe d'âge semble poser problème, en particulier pour ceux et celles qui sortent de plus en plus tôt de la population active et des rôles parentaux actifs, et qui voient de ce fait leurs d'identification qui les valorisent. Cette difficulté d'identification tient à l'obsolescence des modèles traditionnellement proposés aux ""vieux"" et à l'hypervalorisation du jeune et du neuf dans l'ensemble du fonctionnement social et économique."
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