Résumé :
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L'acte médical «sous contrainte» de l'expert s'étaye sur la même démarche que celle du clinicien soignant. Les deux modes d'approche diffèrent essentiellement par les suites de la rencontre, laquelle est un cadre proposé pour user de la capacité à parler, penser ou du moins, pour en apercevoir la perspective, où est recueillie une parole destinée à rester privée en consultation, à devenir publique dans l'expertise. En cherchant à s'humaniser, c'est-à-dire à tenir compte des faits en regard de l'auteur, la justice a dû s'exercer avec une marge d'incertitude liée à l'appréciation des différences. L'évolution actuellement vise à réduire cette marge en comptant sur l'expertise et amène certains praticiens à tenter d'évaluer la crédibilité du discours aux moyens de grilles d'analyse. La suggestibilité des enfants, nécessaire à leur développement pour accepter les contraintes et les connaissances se retournent ici contre eux, si l'expert n'y veille pas. La même évolution est observée en psychiatrie, à propos de la classification, délaissant une clinique du sujet au profit d'une approche descriptive de signes isolés, donc plus aisée à partager. En cédant aux pressions du corps social, les experts s'exposeraient à chercher à résoudre l'équation asphyxiante du réel et du rationnel au détriment de la pensée et des interactions humaines, seuls domaines de compétence que devraient toujours pouvoir revendiquer les psychiatres.
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