Résumé :
|
Quel sens donner à un tel constat? A-t-il un lien avec le regard que la justice et la société portent actuellement sur les enfants et les adolescents?|Lorsque le juge des enfants doit comprendre la personnalité d'un parent et ses répercussions sur l'enfant en danger, la mesure d'investigation pluridisciplinaire, propre à la procédure d'assistance éducative, fait concurrence à l'expertise. En revanche, le faible recours à l'expertise prend un autre sens quand il s'agit de juger un adolescent délinquant: dans un contexte de répression accrue, il manifeste l'intérêt que la société et la justice portent à l'acte délinquant lui-même au détriment de la connaissance de la personnalité de l'adolescent. De même, les magistrats ordonnent peu d'expertises pour déterminer si l'enfant a agit «avec discernement» et s'il doit répondre pénalement, reflétant ainsi le peu d'attention que la société porte au statut de l'enfant délinquant. Paradoxalement, le recours systématique de la justice pénale à l'expertise de crédibilité de l'enfant victime d'agression sexuelle procède de la même démarche: les juges font l'impasse sur la difficulté poussée à l'extrême de juger la parole d'un enfant, comme si une expertise pouvait les dispenser d'arbitrer dans le domaine de« l'impensable », que constituent la sexualité et le traumatisme vécus dans la sphère familiale. Mais certaines expertises permettent de comprendre ce qui s'est noué entre l'enfant et ses deux parents, non pas sous l'angle de la seule faute pénale du viol ou de la violence physique, mais en s'attachant à comprendre comment a pu être niée son intégrité physique, sexuelle et psychique. Elles contribuent alors à ce que l'acte de juger puisse redonner du sens à la vie et à l'apprentissage du respect de l'autre.
|