Résumé :
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"Reprenant les principales dimensions psychopathologiques participant à la compréhension des conduites addictives alimentaires, et les articulant avec les mécanismes neurobiologiques générant et entretenant une véritable addiction, nous privilégions une approche psychosomatique qui permette d'éclairer certaines données cliniques, d'affiner nos attitudes thérapeutiques et d'ouvrir notre réflexion à des perspectives de recherche nouvelle. Dans une approche étiopathogénique, transnosographique, intégrant l'impact de l'environnement socioculturel et des dimensions transgénérationnelles, nous avons évoqué, dans le disfonctionnement des interrelations précoces et ses conséquences sur le développement de l'enfant et le processus d'adolescence, une hypothèse centrale dans les conduites addictives alimentaires : la défaillance du maternel chez les mères des patientes, en particulier dans l'investissement du corps autonome, vivant et érotique de l'enfant. Cette défaillance ne favoriserait pas une bonne intégration du féminin chez le sujet et participerait à l'avénement d'une organisation sadomasochiste qui le fixe à ses objets infantiles.|Sur la base de ces modalités de construction identitaire, nous avons abordé la genèse de ces conduites en soulignant successivement le développement, du fait du défaut de contenant maternel (pare-excitant, organisateur et liant des motions pulsionnelles de l'enfant), d'une organisation dépressive-antidépressive (dépressivité), témoin d'une rupture du développement , celui d'une inactivation partielle, et dans certains domaines, des processus de mentalisation défensive du rapproché relationnel vécu comme emprise (alexithymie). L'organisation syptomatique évolue, selon nous, vers une modalité corporelle et comportementale de régulation de l'équilibre du sujet afin de parer à un risque dépressif ou de désorganisation. Ce processus de régulation touche le système plaisir-déplaisir avec la genèse d'un uto-sadisme et d'un masochisme moral, source d'une jouissance endogène ""à défaut"".|Ces dimensions ouvrent la voie à un frayage psychosomatique d'autant que les ""solutions"" névrotiques et perverses sont en échec, et qu'une pathologie organique secondaire à la conduite constitue un point d'appel de substitution d'une invalidité physique à une invalidité psychique."
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