Résumé :
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Les mutations économiques et l'évolution des représentations du handicap remettent aujourd'hui en question les mesures spécifiques de compensation qui ont jusqu'ici dominé les politiques visant à assurer l'accès à l'emploi aux personnes handicapées. Ces mesures trouvent en effet leurs limites et ont généré des situations et des conceptions peu propices à l'insertion. Porté par les instances internationales, le principe de non-discrimination, relativement éloigné de ceux qui sous-tendent les dispositifs ayant cours en France, peut néanmoins servir de révélateur des progrès à réaliser. Son émergence sur la scène sociale coïncide cependant avec une forte remise en cause des régimes de protection des personnes handicapées : ceux-ci seraient économiquement et socialement contre-productifs. Pour éviter une régression sociale dans ce domaine, il est bon de rappeler que le système critiqué a d'abord été une réponse aux désavantages sociaux subis en conséquence d'incapacités ou, souvent, d'attitudes de rejet a priori. Ses acquis sont loin d'être négligeables, et ce n'est pas refuser le progrès que de veiller à ce que soient maîtrisées les conditions d'une transition vers un nouveau modèle inéluctable et à bien des égards souhaitable. Si le principe d'égalité des chances porte en lui le danger d'un renforcement des inégalités de départ, celui d'égalisation des chances ouvre des perspectives intéressantes. Il reste que l'intégration des plus employables risque aussi de se payer au prix du renvoi des autres vers un champ en développement, celui de la dépendance.
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