Résumé :
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Au délabrement continu du dispositif de soins psychiatriques s'est ajoutée l'amplification du virage sécuritaire signant une rupture essentielle dans la tradition du droit qui, de manière intangible, prônait l'irresponsabilité pénale du fou. A la dégradation constante de la doctrine psychiatrique se sont associés les fantasmes hygiénistes ambiants. Cette évolution, qui fait du 'fou' non plus un sujet à soigner mais un être asocial à punir et dont il faut se préserver des nuisances, correspond sans aucun doute à une profonde mutation de nos moeurs. Gonflée par quelques faits divers surexposés médiatiquement, la dangerosité semble être devenue le seul critère de 'soin'. Malgré les statistiques qui montrent qu'un mari jaloux est quarante fois plus dangereux qu'un schizophrène et que celui-ci est plutôt la première victime des violences sociales, tout malade mental se trouve de fait assimilé à un assassin en puissance.
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