Résumé :
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La géographie et l’histoire des drogues illégales sont profondément ancrées dans les dynamiques anciennes et actuelles du processus de mondialisation, ainsi que le montre la géohistoire du pavot à opium en Asie. Le pavot à opium parce qu’il fournit un exemple éloquent des relations dynamiques qui ont existé et qui persistent entre l’économie politique et la géographie des drogues illégales d’une part et la mondialisation d’autre part. L’Asie, quant à elle, fournit un espace géographique de référence riche d’enseignement parce que l’on peut estimer que le narcotrafic international y est né et que la plus importante toxicomanie de masse s’y est développée (l’opiomanie chinoise). L’histoire et la géographie de l’opium en Asie doivent beaucoup aux processus d’internationalisation des échanges et de mondialisation, marqués comme ils l’ont été par le commerce intercontinental triangulaire, le protectionnisme économique chinois, les monopoles et autres régies coloniales de l’opium, les guerres impériales sino-britanniques, la genèse de la prohibition mondiale de certaines drogues, les conflits armés nationaux et internationaux consécutifs aux indépendances et à la Guerre froide, etc. La géohistoire de l’opium en Asie montre clairement que le développement du narcotrafic résulte en grande partie de l’intervention étatique à l’échelle mondiale. En fin de compte, la géographie des drogues illégales est à considérer au regard de celle de la distribution mondiale et asymétrique du pouvoir, des richesses et des revenus, et de ses impacts sur les crises et les conflits.
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