Résumé :
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Notre expérience clinique comme plusieurs études internationales ont montré la forte prévalence du double diagnostic ainsi que ses conséquences néfastes tant aux niveaux médical, psychiatrique, socioprofessionnel et judiciaire. Le système de soins ne semble pas répondre de façon satisfaisante aux besoins complexes de cette population, à cause, notamment, du clivage historique entre les deux champs d’intervention concernés. Le centre médical Marmottan est spécialisé dans l’accueil et le suivi des usagers de drogues. Nous y avons mené une étude sur 100 dossiers tirés au sort, avec comme objectifs principaux d’évaluer la prévalence des troubles psychiatriques comorbides, d’étudier les modalités et les difficultés de leurs prises en charge au sein de cette structure. Il ressort que 69 % ont ou ont eu un trouble psychiatrique associé, dont 18,5 % de troubles psychotiques. La prise en charge (= PEC) « intégrée » est le plus souvent privilégiée, et a montré une supériorité significative sur l’évolution. L’orientation vers une autre structure et la PEC « parallèle » est plus souvent utilisée pour les patients psychotiques. L’amélioration de l’articulation des soins entre les champs psychiatriques et addictologiques semble indispensable, en luttant contre les représentations négatives des soignants vis-à-vis de ces patients difficiles par le développement d’un réel travail de collaboration interinstitutionnel et d’une formation spécifique des équipes soignantes et médicales.
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