Résumé :
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"L'approche génétique des polyconsommations oblige à définir au mieux un spectre de vulnérabilité à consommer de manière pathologique plusieurs substances psychoactives. La prise en compte de la chronologie d'apparition des troubles chez les individus, ainsi que des coagrégations dans les familles, souligne une trajectoire de risque allant de l'enfance à l'âge adulte étendant le spectre de vulnérabilité aux troubles du comportement précoces comme le trouble ""déficit attentionnel/hyperactivité"" (TDAH) et le trouble des conduites. Les études de jumeaux montrent que, en plus de facteurs spécifiques à chaque type d'addiction, il existe une part de susceptibilité génétique commune au développement des dépendances pharmacologiques et des comportements perturbateurs de l'enfant. Ces études sont particulièrement cohérentes avec un poids important des gènes dans une typologie polyaddictive antisociale. Au sein de cette trajectoire de développement, les mêmes gènes confèreraient dans un premier temps une susceptibilité accrue au TDAH, pour ensuite influencer l'émergence de conduites antisociales et, à la faveur de la rencontre précoce aux substances, d'un abus et d'une dépendance. Les facteurs génétiques hérités interviendraient alors au côté de l'environnement précoce dans un terrain de vulnérabilité aux addictions en général. La recherche de marqueurs génétiques a surtout concerné les gènes codant pour le système dopaminergique, voie centrale du système de récompense. Certaines études permettent d'esquisser comment l'hérédité et l'environnement interagissent, et ainsi d'illustrer le principe même de susceptibilité à développer un rapport pathologique à un produit. L'ensemble des données de la littérature permet la définition d'un terrain vulnérable précoce et aspécifique, s'exprimant potentiellement par de multiples troubles impulsifs."
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