Résumé :
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Trois grandes études ont été réalisées entre 1993 et 2003 qui permettent d'estimer la prévalence des problèmes liés à l'alcool dans les établissements pénitentiaires et de décrire les caractéristiques des détenus concernés par ces problèmes. Quelques données tirées d'autres enquêtes peuvent également être prises en compte pour prendre la mesure des besoins de soin alcoologiques des populations incarcérées. La méthodologie inégale de ces études en rend cependant la comparaison difficile, et si la plus ancienne est celle qui donne la photographie la plus précise, les changements intervenus dans la population, en rapport avec les variations dans les politiques répressives, en rendent la projection en 2006 hasardeuse. On peut toutefois retenir que la dépendance à l'alcool est très fréquente au moment de l'incarcération et concerne environ un homme sur cinq et une femme sur dix, la consommation problématique, définie de façon moins rigoureuse, concerne des effectifs de même ordre de grandeur. Quoique la consommation concomitante d'autres produits soit fréquemment rencontrée, l'association alcool-tabac, avec ou sans consommation actuelle de drogues illicites, est la forme la plus fréquente. Et si l'on retrouve une surreprésentation des crimes contre les personnes dans les motifs d'incarcération, les alcoolodépendants incarcérés le sont en majorité à la suite d'un acte de délinquance économique, comme les autres détenus. Au total, la réitération d'une enquête de prévalence, sur le modèle de celle menée en 1993-94, permettrait à la fois d'actualiser les données en termes de besoins de soin et de juger des évolutions quant aux caractéristiques cliniques des personnes concernées. L'extension de cette recherche aux autres personnes sous main de justice permettrait également de mieux cerner le rôle de l'alcool dans l'entrée et le maintien dans le système carcéral.
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