Résumé :
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"Dans cet article, différentes hypothèses concernant les soubassements psychiques des addictions doubles - alcool et toxicomanie - sont étudiées. A l'origine de la toxicomanie, on trouve souvent un traumatisme lié à une expérience réelle mais incommunicable, nommé crypte en raison de son caractère secret : la drogue vient compenser le déficit affectif créé par le clivage dans le Moi. Les traces d'un trauma subi par les ascendants - générant un "" travail de fantôme "" - sont également fréquentes : elles provoquent un sentiment de vide ou d'étrangeté que la toxicomanie permet d'oblitérer. L'alcoolisation est aussi généralement associée à un clivage du Moi - "" crypte "" ou, en l'absence de secret, "" incorporât "" (Tisseront 1990) - et comble littéralement le manque à soi-même. Ces éléments ne suffisent donc pas à différencier, au niveau des fondements psychiques ou des effets recherchés, alcoolisme et toxicomanie. Les cas d'Élodie et d'Aurélie, héroïnomanes, autorisent une interprétation nouvelle. Ces patientes n 'utilisent pas l'alcool de façon addictive, mais pour s'identifier à la souffrance d'un parent alcoolique, dans le double but de comprendre sa dépendance et de s'en dégager : être reconnu soi-même comme souffrant. L'auteur insiste en conclusion sur la nécessité d'un diagnostic différentiel entre consommations de drogue et d'alcool, qui puisse déterminer utilement l'orientation des patients."
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