Résumé :
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"Cet article revient sur le rôle des chiffres et des statistiques dans le processus de définition publique du problème de l'usage de drogues au travail en France. Lors de ce processus, des approches différentes ainsi que des conflits sur la définition de l'addiction ont fortement clivé l'espace des autorités publiques chargées de réguler tant le problème que le recours au dépistage biologique comme une des solutions techniques pour y répondre. Or, malgré les difficultés pour évaluer et spécifier les risques associés à la consommation de drogues au travail, des chiffres et des statistiques ont circulé dans l'espace public.Interroger le sens des usages de ces données chiffrées dans différents espaces (politique, expertise, administratif, médiatique) permet de mettre en évidence leur dimension rhétorique pour accréditer publiquement de l'existence, de la pertinence mais aussi de l'ampleur des risques comme de la nécessiter de dépister pour les prévenir. Sans prétendre se faire l'arbitre des élégnaces statistiques, notre analyse porte sur la façon dont des données chiffrées ""floues"" ont participé à cadrer le problème public des drogues au travail. Pour cela, nous insistons sur trois points. D'abord, sur la mobilisation d'expertise par des associations européenne et française de toxicologues professionnels pour promouvoir auprès des autorités publiques les techniques de dépistage comme solution au problème public des drogues au travail. Ensuite, sur les effets rhétoriques (vérité, crédibilité, science-based) que produisent ces données chiffrées sur l'action publique dans le domaine des drogues au travail. Enfin, en posant la question des sources et des interprétations auxquelles ces données chiffrées ont donné lieu, nous discutons des limites de la quantification du problème des drogues au travail."
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