Résumé :
|
La présence des drogues dans la musique populaire – le rock, tout particulièrement – n’a pas souvent été étudiée. Nous savons que les medicine shows du XIXe siècle et du début du XXe siècle, soit des spectacles ambulants vantant les vertus de différents médicaments, composés d’opiacés, de cocaïne ou d’alcool, ont contribué à faire du musicien un personnage voyageur, sans attache et aucunement ennuyé par les conventions sociales. De plus, les différentes lois sur les drogues entrées en vigueur aux États-Unis à partir de 1915 ont façonné la « toxicomanisation » des musiciens en en faisant des figures « hors la loi » et rebelles. Dans cet article, nous analysons comment les musiciens, eux-mêmes, comprennent leur consommation de drogues à travers leurs récits autobiographiques en prenant comme exemple le groupe Mötley Crüe. Ce groupe glam metal, très populaire au courant des années 1980, au style de vie décadent, présente candidement sa consommation de drogues dans son projet autobiographique qui est composé de six autobiographies publiées depuis 2001. En somme, selon leurs récits de vie, les membres du groupe consomment abondamment et au nom de « la fête », même si leur santé et leur intégrité physique (tout comme celles des autres) sont mises en péril. Pour quelles raisons continuent-ils à consommer autant de drogues s’ils s’humilient et se blessent ? En fait, la rébellion est une composante essentielle de l’identité même de Mötley Crüe et elle se construit à travers la consommation ostentatoire de drogues des membres du groupe. Cependant, leur rébellion constitue un individualisme extrême, une « bourgeoisie radicale » en quelque sorte, ne changeant absolument rien au fonctionnement de ce qu’ils affirment vouloir bouleverser, contribuant ainsi à la dépolitisation du rock.
|