Résumé :
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Les traitements de substitution de la dépendance aux opiacés sont commercialisés depuis la fin des années 1960 aux États-Unis et depuis 1996 en France. Les objectifs de ces traitements se sont élargis : au-delà de l’arrêt des consommations d’héroïne, ils sont recentrés sur l’amélioration du fonctionnement psychosocial du patient et de sa qualité de vie. Ils sont désormais envisagés comme des prescriptions au long cours, ce qui modifie les « carrières » des patients et leur profil clinique sous traitement. Mais après une réadaptation psychosociale et une amélioration des conduites addictives, souvent obtenues après plusieurs années, est-il possible d’envisager l’arrêt de ce traitement ? Les durées optimales de prescription et les modalités d’arrêt des traitements de substitution dans le cadre de la dépendance aux opiacés sont très débattues et dépendent en partie des représentations des patients et des prescripteurs vis-à-vis du traitement. Face à ces questionnements, nous avons mené un travail explorant les représentations des traitements de substitution et de leur arrêt du point de vue du patient et du médecin. L’objectif est tout d’abord de croiser les représentations des patients et des médecins vis-à-vis des TSO, et secondairement d’identifier la place du désir d’arrêt du traitement de substitution chez les patients. Ce travail se constitue en trois volets : un premier volet exploratoire sur les représentations des patients vis-à-vis de leur MSO, un second concernant les représentations des médecins vis-à-vis des MSO et enfin un troisième volet abordant la question de l’arrêt des MSO chez les patients. La buprénorphine et la méthadone sont des traitements médicamenteux dont la place aux yeux des patients et des prescripteurs est effectivement bien particulière. La majorité des patients interrogés considèrent qu’il ne s’agit pas de traitements comme les autres, et l’arrêt de la buprénorphine est un motif de demande de soins en addictologie au même titre que les SPA non médicamenteuses. De plus, la majorité des médecins interrogés, expérimentés ou non dans le domaine ont des avis très disparates et n’identifient pas clairement la buprénorphine comme un médicament. Cette perception complexe et ambivalente chez les patients et les prescripteurs dépend de plusieurs facteurs : les interactions entre les caractéristiques interindividuelles des patients, l’histoire de leurs troubles, les caractéristiques des médecins et leurs modalités de pratiques professionnelles et enfin la relation thérapeutique instaurée.
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