Résumé :
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Contexte : en France comme à l'étranger, si quelques études s'intéressent aux opinions sur les addictions avec ou sans produit en population générale, les enquêtes auprès des professionnels de ce champ restent rares. Les données montrent que le modèle moral prédomine, qui attribue la responsabilité de l'addiction, comme la résolution du problème, à l'individu. Méthodologie : une enquête quantitative menée en 2010 auprès de 1 087 centres de soins des addictions, afin d'interroger les professionnels, a recueilli 505 questionnaires exploitables. Résultats : l'addiction est considérée par la moitié des professionnels comme une souffrance personnelle. Les professionnels estiment le risque de dépendance élevé pour le tabac (89 %), les drogues illicites autres que le cannabis (88 %) ou les médicaments psychotropes (80 %), alors qu'ils ne sont que 36 % à l'estimer élevé pour le cannabis ou 33 % pour Internet. La possibilité de guérison sans traitement est globalement jugée faible pour les drogues illicites ou l'alcool, voire nulle pour respectivement 42 % et 34 % des professionnels. La responsabilité de la dépendance est attribuée essentiellement à l'individu, surtout si le professionnel est une femme, un travailleur social, un médecin (plutôt âgé), résidant dans des zones non urbaines. Discussion et conclusion : l'enquête permet de tester les modèles de Brickman sur les responsabilités pour les addictions et pour leurs traitements. Le modèle moral prédomine aussi bien pour les addictions avec produit que pour celles sans. Seule l'addiction aux médicaments psychotropes est perçue comme relevant d'une responsabilité collective, tant par ses causes que pour les moyens nécessaires pour y remédier, et repose donc sur un modèle médical.
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