Résumé :
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Au cours des deux premières années d’activité, les « consultations jeunes consommateurs » (CJC) ont accueilli 45 000 usagers de produits, le plus souvent au titre du cannabis. Près de 20 % de cette population sont des femmes. Le ratio hommes-femmes des patients accueillis pour un problème d’usage de cannabis apparaît plus bas que dans les structures spécialisées dans la prise en charge au titre d’autres drogues. L’article décrit les spécificités du public féminin, en faisant ressortir les différences de structure avec les usagers masculins. Hommes et femmes viennent en CJC avec des attentes et par des biais différents, ce qui induit des profils sociodémographiques, des pratiques d’usage et des motivations à consommer en de nombreux points dissemblables. Le public féminin, en moyenne plus âgé, comprend de plus fortes proportions de demandes spontanées et de demandes d’aide à la réduction de leur consommation, quand les hommes viennent plus souvent sans objectif précis. Les consultantes féminines déclarent des niveaux d’usage de cannabis élevés, souvent plus intensifs et associés à des polyconsommations de substances illicites ou de médicaments psychotropes. Les usages féminins de cannabis sont plus nettement centrés sur des motivations « autothérapeutiques » en lien avec la régulation d’une angoisse. À l’inverse, le public masculin recouvre une majorité d’usagers de cannabis adressés par la justice, le plus souvent âgés de 18 à 25 ans, socialement insérés, rapportant leur usage à des considérations hédonistes et à une sociabilité particulière.
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