Résumé :
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Le dopage sportif est un phénomène largement médiatisé qui choque régulièrement l'opinion publique et laisse planer le doute sur toute performance sportive. Le dopage a pourtant une histoire très ancienne (Laure, 2004) qui dépasse le cadre sportif et interroge le rapport au corps, au médicament, à la performance. C'est au sujet sportif de haut niveau que s'est intéressée cette étude, à ses prises de position spécifiques et ses représentations sociales du dopage. À partir d'entretiens semi-directifs sur le thème du dopage, ont été interrogés 70 athlètes de haut niveau, hommes et femmes, membres des équipes nationales française et canadienne dans différentes disciplines sportives individuelles et collectives. Les représentations sociales (Moscovici, 1961, Jodelet, 1989, Doise, 1992) ont servi de cadre théorique et méthodologique à cette étude, permettant une analyse à la fois descriptive et structurale des prises de position des sujets. L'analyse descriptive a fait émerger cinq catégories de discours. Les définitions du dopage s'appuient sur les notions de danger, de naturel et d'artificiel, de dépossession de soi et de la performance, d'effets sur le corps et de transgression de la loi. Les causes pouvant expliquer le dopage apparaissent aux niveaux individuel et social. Les raisons attribuées au refus du dopage sont d'ordre biologique, moral, médical et technique. Les conséquences du dopage sont à la fois paradoxales et ambivalentes. Enfin, émerge un ensemble de nuances, en termes de degré, de nature ou de forme de dopage. Celui-ci apparaît relativement complexe et différencié chez les athlètes. À l'analyse structurale ressortent deux niveaux dans les représentations du dopage des sportifs : une opposition sujet/hors-sujet et une opposition éthique traditionnelle/morale immanente qui caractérisent l'univers du haut niveau sportif. Il semblerait finalement que, malgré des dérives comme le dopage, les idéaux à la base du sport aient aujourd'hui encore leur place dans le sport d'élite moderne.
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