Résumé :
|
Cet article confronte les caractérisations qui ont été données de la dépendance aux médicaments psychotropes par la psychopharmacologie et la psychopathologie, d'une part, à la manière avec laquelle les consommateurs les plus réguliers gèrent leur usage, d'autre part. L'étude des données issues de la recherche psychiatrique montre combien les définitions du phénomène ont été marquées avec le temps, comme pour les toxicomanies en général, par une individualisation de la causalité : la dépendance aux médicaments psychotropes y est rapportée soit à une susceptibilité particulière aux produits, soit à l'étayage d'une structure de personnalité. Une campagne d'entretiens effectuée auprès des usagers permet de montrer que l'organisation des consommations chroniques s'alimente à des principes similaires. Lorsque le recours aux médicaments bénéficie de la légitimité d'une cause dite «externe», physiologique ou environnementale, la chronicité rencontre une certaine tolérance et s'articule à une gestion routinière des produits. En revanche, lorsque l'usage régulier s'associe au diagnostic d'une défaillance personnelle, sa gestion s'avère beaucoup plus problématique.
|