Résumé :
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Loin de pouvoir être ramené à cet unique désir, mortifère, de retrait du sujet sur un narcissisme quasi absolu qui semble d'abord l'animer, le modèle d'expérience héroïnomaniaque pourrait se présenter comme une tentative, pour des individus placés dans des situations liminaires, d'interroger la question de leur appartenance à «la communauté des vivants». Comme dans le phénomène de la liminarité rituelle, c'est dans un mouvement de retournement subjectif et social vers leur simple «vie nue» - à travers cette épreuve désubjectivante et désidentifiante de «mort symbolique» que semble représenter la «descente aux enfers» - que les toxicomanes, fondamentalement exposés à la perte et au risque mortel, interrogent les fondements de la communauté dans laquelle ils tentent peut-être violemment de s'inscrire. Le rapport du sujet contemporain à sa « vie nue », par ses potentialités radicalement altérisantes, se présente comme une nouvelle forme, postmoderne, du rapport au Sacré.
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