Résumé :
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Il y a toujours eu un besoin irrépressible de recourir à des moyens d'échapper à l'ordinaire et à la souffrance. Les sociétés hypermodernes où règne la consommation de l'image ont ajouté aux substances euphorisantes les fantasmes dispensés par les mirages surmultipliés des écrans. Ce n'est pas à plus de sens que l'on demande de soulager la souffrance, mais à un afflux de sensations. La sensation abolit l'émotion et l'émotion abolit l'affect. Le psychique est ramené au registre de l'organique. L'addiction dilate le champ imaginaire des possibles, mais sur quel mode? La réalité qui se définit par l'obstacle fait retour sous les figures de la mort. Le symbolique se résorbe en marques ou signes ornementaux, inaptes à dire à l'autre. L'imaginaire se réduit à des fantasmes suggérés, subis passivement. L'addict, devancé dans la production de ses propres désirs, s'obstine dans la répétition à la recherche de l'oubli et de la jouissance. Il en est de même du pervers qui cherche en vain la puissance et la jouissance dans la répétition. Ces conduites compulsives et obsédantes témoignent d'un insupportable manque et de l'illusion de pouvoir devenir le maître de la jouissance alors qu'elle est toujours ratée. Dans cet univers du mirage, il ne reste rien de l'autre ni de la loi, mais comment ceux-ci s'étaient-ils donnés à voir ? Ce sont sans doute les déficiences symboliques des sociétés qui engendrent les maladies du manque.
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