Résumé :
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La consommation d'alcool chez les Autochtones constitue un sujet de préoccupation depuis les tous premiers contacts avec les Européens. Au XXe siècle, le discours médical a pris la relève des approches morales et légales qui dominèrent les siècles précédents. Aujourd'hui, médecins et professionnels de la santé occupent une place de premier plan dans les mesures de contrôle de l'alcoolisme et autres toxicomanies en milieu autochtone. Les propos du présent article sont de deux ordres. Dans un premier temps, l'auteur s'investit dans une série de critiques qu'il porte sur le modèle explicatif médical de l'alcoolisme chez les Autochtones. Modèle persistant à considérer la dépendance à l'alcool comme essentiellement une maladie relevant du corps biologique. Une maladie exigeant un accroissement constant des ressources médicales et pharmaceutiques. Cette critique offre à l'auteur une plateforme lui permettant, dans un deuxième temps, d'investir un argumentaire qui vise à démontrer que l'alcoolisme observé en milieu autochtone est profondément inscrit dans un contexte historique et politique. L'alcoolisme serait révélateur de l'inscription dans le corps biologique, social et politique de l'autochtone d'importantes disparités sociales ainsi que de l'exclusion. L'auteur propose que les comportements alcooliques observés en milieu autochtone sont révélateurs d'une trame identitaire complexe qui, en certains lieux, ouvre sur des espaces pouvant être qualifiés de «meurtriers». L'acte de boire est, dans cet article, présenté comme une incontournable constituante de l'acte alimentaire. Un acte social total alimentant des discours multiples, mais surtout le «corps social et politique» de l'Autochtone dans cette quotidienneté qu'il vit.
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