Résumé :
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"En France, les campagnes de prévention de l'alcoolisme et les réclames en faveur de l'alcool naissent à peu près au même moment, dans les années 1880. Ces images de promotion et de dénonciation des ""boissons ébrieuses"" sont longtemps indissociables, non seulement parce que les créatifs des deux camps sont nourris des mêmes discours ambiants et des mêmes clichés, mais parce que plusieurs d'entre eux sont amenés à travailler alternativement pour les alcooliers et pour les associations contre l'alcoolisme, se limitant, selon la commande qui leur est faite, à mettre en valeur ou à discréditer le produit. Tout change vers 1950, quand les pouvoirs publics, cessant de considérer le buveur comme un ivrogne incurable, imposent des campagnes de sensibilisation plus étudiées, qui s'adressent à tous les Français et non plus aux seuls ouvriers. Dès lors, les routes des ""pro"" et des ""anti"" se séparent avec, d'un côté, des dessinateurs soucieux de contrer les idées reçues en matière d'alcool et, de l'autre, des photographes et des graphistes plus préoccupés d'esthétique que de santé publique, qui cherchent, au sein d'agences mondialisées aux budgets colossaux, à se surpasser dans un cadre juridique de plus en plus contraignant."
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