Résumé :
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Trois constats s'imposent d'emblée :|- La Russie et, au-delà, l'Europe, est confrontée à une double épidémie toxicomanie-sida d'une exceptionnelle gravité. Elle est encore inapparente car elle est très récente. L évolution prévisible des contaminations par l'usage de drogues et la prostitution, ainsi que l'histoire naturelle de la maladie sida, va conduire, en toute logique, à plusieurs centaines de milliers de morts chez les 15-30 ans, d'ici à 7 ans. Le choc médiatique, humain, démographique, économique va être considérable.|- Le système de surveillance des épidémies est quasi inexistant. Des recueils épidémiologiques, non basés sur la désignation, doivent être construits pour déterminer l'ampleur du fléau et son évolution. Les interventions politiques et sanitaires doivent pouvoir infléchir l'épidémie.|- Le système de soins est inadapté. Il s'agit parfois d'un problème de coût, comme pour les antirétroviraux. Parfois, c'est un problème d'organisation dû à la rupture politique et sociale des années 90 et souvent, pour ce qui concerne la toxicomanie, il s'agit d'une stagnation dans des raisonnements scientifiques et de choix sanitaires non opérants. En ce sens, il ne s'agit pas d'apporter des fonds à la Russie dans un cadre humanitaire, mais bien de l'accompagner sur les plans intellectuels et structurels.|Le financement français a doublé en trois ans et les choix faits, sur lesquels la mission a pu avoir un regard très complet, semblent avoir répondu à plusieurs défis :|- efficacité réelle dans le secteur considéré, dans les zones géographiques sélectionnées, en ce qui concerne une aide directe à des usagers, héroïnomanes ou des publics en très grande souffrance, enfants des rues, prostituées séropositives ,|- mise en évidence de l'utilité de certains outils de réduction des risques, montrant aussi l'absence relative de conséquences néfastes ,|- construction de liens forts entre les structures, entre les villes, basées entre autres sur des formations, permettant ainsi de tendre vers un réseau de partage de connaissances et de moyens.|Les structures porteuses ont utilisé de façon optimale le financement accordé et ont modélisé des actions susceptibles d'être utilisées dans le reste du pays.|Des questions annexes par rapport aux priorités relevées plus haut, mais importantes pour la suite des financements, sont à résoudre dans les années à venir :|- la pérennisation des actions ,|- leur prise en charge par des associations russo-russes, et/ou par l'État russe ,|- l'implication et la coordination de l'Union européenne et de la communauté internationale pour ces interventions.
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