Résumé :
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"À partir de contributions tirées des champs de l'alcoologie et de l'intervention en toxicomanie, cet article tente de délimiter quelques aspects communs et spécifiques dans les domaines de la prévention, des soins et de l'accompagnement. L'étude des addictions permet, au-delà de l'approche focalisée sur le produit, de décloisonner l'abord de ces réalités cliniques complexes et d'induire une approche sociale et médicale.|La clinique relève des similitudes dans le cheminement des conduites addictives, de l'initiation à l'usage régulier et à la dépendance. Celle-ci, même émailiée de polyconsommations, s'organise cependant toujours autour d'un produit dominant. Au plan psychopathologique, une vision transversale indique que la souffrance psychique préexiste à la conduite addictive. Mais les complications psychiatriques et somatiques se différencient selon les effets psychodysleptiques, le potentiel intoxicant, et le type de consommation de chaque substance psychoactive. Au plan neurobiologique, un consensus scientifique existe sur le fait que la plupart des substances psychoactives agissent sur les circuits neuronaux dits '' de la récompense "", mais il semble que le maintien des comportements mette en jeu des mécanismes spécifiques, et qu'ils soient liés à des éléments environnementaux. Si les modèles thérapeutiques sont assez convergents, leur mise en actes est hétérogène et de nombreuses questions restent à débattre, à commencer par celle de l'abstinence. De même, la définition de seuils d'apparition des risques pour chaque substance nécessite, autour d'un axe préventif général, la mise en place d'une politique adaptée selon les produits et les problèmes de santé publique qu'ils posent. Les représentations sociales sont en train de fortement évoluer, et les frontières se troublent entre drogues et psychotropes, entre licite et illicite, entre recherche hédoniste de confort et soin. Ceci implique la nécessité de modifications législatives et structurelles profondes.|Sous l'égide de la notion d'addictologie, qui se veut transnosographique voire fédératrice entre intervention en toxicomanie,alcoologie et tabacologie, l'heure est à la révision des frontières conceptuelles, au rapprochement et à la recomposition des dispositifs institutionnels."
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