Résumé :
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"En Catalogue Espagnole et en Languedoc-Roussillon, les Gitans sont désignés par la rumeur, mais aussi par les "" mises en scènes "" sécuritaires (police, médias...) comme les "" Ethniques "" impliqués dans les trafics d'héroïne et de cocaïne entre Barcelone et le Sud de la France. Cet article expose une recherche récente qui fait apparaître la réalité complexe de rapports intenses entre Gitans et fils de "" bonnes familles "" autochtones, autour des collaborations pour les trafics transfrontaliers d'héroïne. Ces jeunes français ou espagnols qui ont été approchés sont issus de familles qui, sans être nécessairement fortunées, se caractérisent par une forte cohésion, une grande continuité dans l'implantation territoriale locale, et les attributs ordinaires de la respectabilité. Trafiquants occasionnels ou plus réguliers, mais non-consommateurs des drogues dures qu'ils manipulent, ils sont en majorité engagés dans des études supérieures. Leur invisibilité et les réseaux sociaux auxquels ils ont accès représentent des atouts de choix pour les organisateurs des trafics transnationaux qui modifient leurs stratégies de production et de commercialisation dans le sens d'une plus grande diversification de l'offre et d'une plus grande proximité des clientèles. Ce travail qui combine des descriptions chiffrées et des études de cas donne à voir les mécanismes d'entrée-sortie dans ce monde parallèle, les relations qui se nouent avec les Gitans, les Noirs-Africains, les Marocains...,engagés dans le trafic, les processus de récupération familiale ou, au contraire, de rupture qui font basculer le cours de vies dans un univers à la fois d'inter-reconnaissance et de perte des anciennes attaches territoriales."
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