Résumé :
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"Après avoir isolé une oeuvre littéraire entièrement écrite en état d'intoxication - il s'agit de ""Tapis roulant en marche"" de Henri Michaux- l'analyse stylistique menée ici mettra en évidence la manière dont le haschich marque le texte littéraire. Il y a, avant tout, la vitesse dont les effets se font sentir dans le morcellement et le trouage du texte ainsi que dans la ruine de tous ses agents de cohésion. A cela s'ajoutent l'absence d'une dimension imaginaire (au profit d'un monde unidimensionnel qui fait coexister le registre du familier à côté des registres de l'incongru et de l'indicible) et la mise en mots d'un fait surprenant : la drogue n'affecte pas l'individualité, elle ne touche que sa faculté d'idéation. Partant de ces traits singuliers, on est donc tout à fait fondé à envisager un ""style intoxiqué"" et, au-delà, un ""genre intoxiqué"" dans la constitution duquel la spontanéité, l'irréversibilité et le déroulement accéléré du cinéma intérieur prennent le pas sur les conventions grammaticales et littéraires, et sur l'exigence de lier le propos et le récit."
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