Résumé :
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"Le régime pénal instauré par la législation de 1916 assigne à l'usager de stupéfiants une place ambigüe, en effet, si le rempart législatif mis en place à cette date a bien pour but de juguler le ""fléau"" de la toxicomanie, il s'y emploie sans pénaliser l'usage simple, et par des moyens en quelque sorte indirects : répression de la détention ou de l'achat de stupéfiants, ainsi que de l'utilisation frauduleuse d'ordonnances, sans parler du contrôle du trafic et de la vente. L'étude du fonctionnement de cette loi à travers l'exemple concret de son application par le Tribunal de la Seine entre 1917 et 1937 permet dès lors d'analyser les modalités d'une prise en charge du problème des drogues qui s'attaque sans vraiment le dire au fait de consommer des substances illicites, et de comprendre que l'incrimination de l'usage, essentielle sur le plan du droit, l'est beaucoup moins dans la pratique. En ce sens, on a cherché à montrer que le régime pénal de l'entre-deux guerres, tout en axant de fait son action sur le contrôle du marché des drogues et donc sur la répression du trafic, n'a pas épargné, loin de là, l'usager, et qu'ainsi, la législation de 1970 s'est inscrite dans le droit fil de la situation antérieure."
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