Résumé :
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"Les approches habituelles de la magie ne nous renseignent pas sur ce qui fait sa différence-spécificité au sein des autres manifestations culturelles. Nous proposons, en nous inspirant de la Théorie de la Médiation, de comprendre la pratique magique en la plaçant sur un plan rationnel autonome, celui de l'art, distinct de celui du langage.|Nous posons que dire n'est pas faire, que la logique n'est pas la technique, que conceptualiser le monde n'est pas le transformer, bref, -et la clinique le confirme-, que le langage et l'art sont deux plans autonomes de la raison humaine. Toutefois, langage et art entretiennent entre eux des rapports réciproques : l'écriture, par exemple, est une opération artistique consistant à fabriquer du sens et à le rendre accessible aux lecteurs éventuels. Elle relève de l'industrie de la fabrication et de la conservation de messages linguistiques. Le concept d'écriture ainsi défini nous permet de considérer le rite comme écriture.|En partant de l'analyse des observations faites par nous-mêmes au Burundi (et qui rejoignent les descriptions d'autres chercheurs comme V.Turner, C.Lévy-Strauss,etc.) nous montrons que les rites thérapeutiques sont des opérations de fabrication et de conservation d'un sens mythique dans le but de le transmettre à des patients qui le ""liront"" ou le reproduiront à leur propre compte. Le rite est donc écriture dramatisée d'une conception mythique du monde et de la souffrance.|Enfin, nous montrons que la magie et l'empirie sont deux formes de langage que sont le mythe et la science. Rigoureusement parlant, il n'y a pas de pensée magique, tout comme il n'y a aucun lien privilégié entre magie et religion."
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