Résumé :
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"La relation entre toxicomanie et délinquance fait l'objet de nombreuses controverses depuis des années ainsi que d'une littérature abondante. La causalité, réversible, des deux comportements a abouti à des positions très contrastées sur le plan méthodologique et celui des résultats. L'objectif de ce dossier est d'en dresser un tableau introductif. En France, les statistiques proviennent des sources administratives pénales sur le délit d'usage de stupéfiants (ILS) ou sur la prévalence de la toxicomanie chez les détenus. Le taux de consommation de drogues dans la population ""judiciarisée"" est toujours supérieur aux autres milieux, quels que soient les pays (sources présentées pour la France, les Etats-Unis, le Canada).La plupart des sources statistiques présentent néanmoins de nombreux biais : la population arrêtée et/ou condamnée n'est pas représentative de la population toxicomane, l'incarcération doit être resituée comme un moment particulier de la carrière du toxicomane, les échantillons étudiés (population en traitement, données auto- reportées aux USA) sont parfois trop spécifiques pour être considérés comme représentatifs de la population toxicomane. Une typologie des relations entre toxicomanie et délinquance est dressée par les auteurs : le lien intrinsèque entre les effets psychopharmacologiques des produits illicites et le comportement délinquant ne repose sur aucune étude statistiquement validée et parait peu clair, par contre ce lien varie suivant le degré de sévérité de l'usage, les liens économiques du fait de l'implication de l'usager dans le trafic, les liens sociologiques qui déterminent la délinquance comme partie intégrante du ""mode"" ou ""style"" de vie de l'usager toxicomane. En définitive la causalité entre les deux phénomènes demeure incertaine tant les résultats divergent. Selon S.Brochu, il n'y a pas un toxicomane ou un délinquant mais une personne (en interaction) avec un ensemble de systèmes (opportunités ou contraintes)."
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