Résumé :
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L'efficacité du traitement des héroïnomanes par la méthadone, associé à un soutien psychosocial, n'est plus à démontrer. Mais faut-il encourager les patients à se sevrer de la méthadone, ou au contraire, à se maintenir en cure? Avec un recul de cinq à dix ans, chez les héroïnomanes chroniques, le sevrage des opiacés se révèle un échec fréquent dans tous les pays et depuis des décennies. De même, les sevrages de la méthadone, surtout s'ils sont rapidement effectués, entraînent des rechutes ou des pertes de l'équilibre psychosocial acquis pouvant aller jusqu'à 90% des cas dans un délai d'une année.|L'hypothèse neurobiologique s'impose pour expliquer la constance de ces échecs : l'abus des opiacés entraîne un dysfonctionnement parfois durable du système des endorphines cérébrales et de leurs récepteurs. Suite au sevrage, ce dernier se manifeste par un syndrome déficitaire à la base des rechutes ou perturbations d'humeur habituellement observées.|Dans le groupe des héroïnomanes chroniques, il convient donc de ne sevrer de la méthadone que les patients volontaires, très bien stabilisés de longue date et ceci de façon très lentement dégressive.|L'importance doit être donnée au maintien à tout prix de la qualité de la vie. En cas de début de rechute ou de perturbation de l'équilibre médico-psychosocial en cours de sevrage, il faut réajuster le dosage de méthadone et envisager ultérieurement une réduction beaucoup plus lente. Si, malgré cette précaution, on observe à plusieurs reprises ce syndrome déficitaire en dessous d'un certain dosage de méthadone et qu'il persiste en menaçant la qualité de vie acquise, il est indiqué de proposer un traitement de substitution à très long terme, voire à vie.
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