Résumé :
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"D'une manière plutôt classique, les sciences humaines et sociales se sont jusqu'à ce jour attelées à cerner le poids respectif de facteurs (socio-économiques, environnementaux, psychologiques, familiaux, culturels, etc.) pesant sur la determination des consommations de produits psychotropes. Le point commun à ces travaux, bien souvent, est de proposer une explication des consommations (et ainsi de la dépendance qui peut en êtrel'issue) au départ d'un paradigme général qui postule ""qu'en situation normale, les gens ne devraient pas consommer et surtout abuser de ces produits"". Aussi, chaque facteur retenu, bien souvent encore une fois, est exprimé dans les termes de sa valence négative, comme si les consommateurs étaient situés en marge d'une situation a priori normale. Ce paradigme engage ainsi à rechercher des mauvaises bonnes raisons de consommer. Cela étant, cette façon de faire n'est pas la seule manière de procéder. Les lignes qui précedent s'adossent sur un autre paradigme qui vise une compréhension des bonnes raisons argumentées par des individus contemporains eux-mêmes. Et ces bonnes raison ont ceci de particulier qu'elles se laissent saisir dans la foulée d'une modification - à l'oeuvre depuis plusieurs décénnies, grosso modo depuis le dépbut de la seconde moitié du XXe siècle - de l'univers normatif de notre société.Cette modification normative, nous avons tenté de la mettre en évidence en décrivant six tendances (de type ""lame de fond"") qui, à bien y regarder, se renforcent les unes les autres (c'est-à-dire que, de manière circulaire, elles confrontent la légitimité propre à chacune d'elles prises isolément et ce aux yeux de nos contemporains). Nous avons ainsi décrit une configuration sociétale sans guère de doute inédite - l'avenir nous le dira - que nous nous sommes proposés de caractériser par le vocable d'autocontrôle ou, mieux, par celui d'autogouvernement de soi."
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