Résumé :
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« Évaluer précisément la place et l'importance des informations et des renseignements obtenus auprès des usagers (consommateurs) interpellés et l'incidence de ces éléments sur la suite des enquêtes (identification des trafiquants, démantèlement de réseau de dealers) », telle est la demande formulée dans la lettre de mission adressée par la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT) à l'Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT). Ce document suggérait également qu'une exploitation des procédures centralisées à l'OCRTIS pourrait servir de base à cette étude (cf. annexe 1). Chargés de ce travail par l'OFDT nous étions confrontés à une demande qui mêlait un questionnement sur le fond et une suggestion de méthode appropriée pour y répondre. Notre propos, qui n'élude pas la question de fond, va s'articuler en même temps sur l'examen de la validité du support institutionnel que représente la procédure de police judiciaire, pour analyser ce questionnement. Cela nous a amenés à formuler les questions de telle sorte que, en regard des informations qui sont recherchées dans les procédures, soient toujours gardées à l'esprit la nature du support, ses limites et les contraintes de son utilisation. Par ailleurs, il n'avait échappé à personne que la construction pro forma que représente la rédaction d'une procédure de police judiciaire limitait sa validité en tant que support descriptif du travail policier. Il pouvait, dès lors, paraître plus logique d'observer d'abord le déroulement concret du travail de terrain avant d'observer comment on en rend compte. Mais une autre logique consiste aussi à mettre à profit ce qui est disponible afin d'en cerner l'intérêt et les limites. C'est cette deuxième approche plus économe en temps et en moyens qui a été choisie, au moins à titre exploratoire. En ce sens ce travail constitue donc également une appréciation de la source potentielle d'informations que sont les procédures de police judiciaire, pour connaître la place des usagers dans le travail policier. Ainsi confrontés a cette double demande, qui touche à la fois l'examen du rôle et de la place des usagers dans le démantèlement des affaires de vente et trafic, et l'intérêt de la lecture des procédures pour cet examen, nous avons organisé notre réponse autour de deux axes :- La présentation du support ou, ce que l'on ne peut pas dire sur « la place de l'usager » à partir de la lecture des procédures ,- Ce que l'on peut dire à partir de la lecture des procédures : les types d'usage, les usagers et leurs informations. Notre analyse se fonde sur la lecture approfondie de près de deux cents procédures de police judiciaire, qui mettent en cause 498 personnes. Par ailleurs notre propos s'enrichit d'éléments qui nous ont été fournis lors des quelques entretiens réalisés tant auprès de la Sécurité publique et des brigades spécialisées de lutte contre les stupéfiants qu'auprès de la police judiciaire. Pour ne pas alourdir la présentation des résultats, les détails des éléments de méthode sont présentés en annexe 3.
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