Résumé :
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Julia Pastrana était une Mexicaine dont la physionomie « extraordinaire » a fait qu’elle a été exhibée à travers l’Europe et l’Amérique, d’abord comme un monstre, et après son décès, comme un spécimen. Ce n’est que récemment qu’elle a été rapatriée et enterrée dans son pays d’origine à Sinaloa. Cet essai examine comment l’exhibition de Pastrana, simultanément, renforce et conteste les frontières entre le Moi et l’Autre, entre l’humain et le non-humain, entre l’ordinaire et l’extraordinaire – frontières sur lesquelles le spectacle lui-même reposait. Par ailleurs, ce texte examine comment des systèmes discursifs autour des notions de « race », du « genre », de « normativité » et « d’humanité » s’entrelacent dans les pratiques sociales qui les constituent. Nous analyserons comment l’exhibition, le rapatriement et l’enterrement de Pastrana réinvestissent son corps avec des significations différentes, et ceci nous permet de tracer plus subtilement les processus qui marquent le corps humain socialement, et aussi d’expliquer les fonctionnements internes des systèmes de représentation sur la race, le genre, l’ethnicité, et le handicap.
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