Résumé :
|
La flambée de maladie à virus Ebola qui a frappé la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone en 2013-2016 a été la pire de toute l'histoire, avec plus de 28 000 cas et 11 000 décès. Dans ce dossier, nous examinons les conséquences psychosociales de cette flambée épidémique. La maladie à virus Ebola est une maladie traumatisante, compte tenu à la fois de la gravité de ses symptômes et des taux de mortalité qui y sont associés. Les personnes affectées sont susceptibles de développer des troubles psychologiques à cause de l'évolution traumatisante de l'infection, de la peur de mourir et du fait de voir d'autres personnes mourir autour d'eux. Les survivants peuvent aussi avoir des séquelles psychologiques liées à un sentiment de honte ou de culpabilité (pour avoir transmis l'infection à d'autres personnes, par exemple) ou à cause de leur stigmatisation ou de leur mise en accusation au sein de leur communauté. À l'échelle communautaire, un schéma cyclique de peur intervient, avec une perte de confiance envers les services de santé, et la stigmatisation des personnes affectées entraîne une rupture des interactions au sein de la communauté et une fracture de la communauté. Dans les pays touchés, les systèmes de santé ont été lourdement ébranlés et même dépassés par la flambée de la maladie. Leur capacité s'est considérablement réduite, près de 900 agents de santé ont été infectés et plus de 500 sont décédés. Cette flambée épidémique a majoré les besoins de services de santé, réduit la qualité de vie et la productivité économique et entraîné la fracture du système social. La réponse internationale doit absolument tenir compte aussi bien des besoins psychosociaux immédiats des individus et des communautés que de ceux à plus long terme. Il serait judicieux que les communautés soient intégrées dans les efforts de riposte pour répondre aux besoins psychosociaux, reconstruire les systèmes de santé, rétablir la confiance des populations et limiter les stigmatisations. La gravité de cette flambée épidémique ainsi que ses répercussions durables devraient inciter à investir dans les systèmes de santé et à les consolider.
|